Brief vom 1. März 1763, von Lambert, J. H. an Sulzer, J. G.

Ort: Chur
Datum: 1. März 1763

Comptant, que la présente Vous trouvera encore à Winterthur, quoique sur le point du Départ, je me sers du même Canal pour Vous la faire parvenir, en priant Monsr Ott d'en disposer en Consequence. Il est bien facheux pour moi de dévoir me borner à Vous réiterer, Monsieur, mes regrets, vu encore les motifs, que Vous Voulez bien accumuler dans l'honneur de la Votre, qui m'interesse d'une maniere bien solide. Ce seroit peu de chose que de Vous étaler les obligations, que je Vous en ai. Elles demandent des réalités que je rechercherai avec empressement.

Je souhaite de tout mon Coeur, que Votre Question academique soit resolue de manière à satisfaire les plus obstinés. Elle m'a occasioné plusieurs recherches sur des matieres analogues, et particulieremt. sur les Sciences qu'on peut apeller à priori dans le sens le plus rigoureux. Et je crois avoir trouvé que la geometrie n'est ni la seule ni même la premiere. Pour ranger la Theologie naturelle dans cette Classe, il me semble, qu'il faudra prouver l'existence et les attributs de Dieu de ce qu'il y a des verités immuables, necessaires, éternelles. L'Agathologie, pour être parfaite et absolue, devra se changer en Agathometrie, tandis que dans le bien et le mal il n'y a point d'unité absolue. Mais il s'y trouve des maximum et minimum, et plus d'une dimension p. Nous aurons toujours et necessairemt. des Sciences a posteriori, et il est question de les nouer avec celles qui sont a priori. Quoique ces sortes de recherches ne veulent point être precipitées, et qu'il y faut toute la Contenance, que Vous exigez pour le genie, il y a néanmoins du plaisir de remuer ce cahos et d'y aller à pas lents et mésurés. Voila, Monsieur, le point de vue pour les Ouvrages dont j'avois l'honneur de Vous parler. J'atendrai Votre Retour à Berlin, que je souhaite des plus heureux. Jusques là je compte d'avancer encore dans cette Carriere.

Le progrès des beaux Arts, tel qu'il a été jusqu'ici, paroit être du à une multiplicité de Causes concourantes comme par hazard. C'est tout au plus un gout aveugle et reglé sur les passions, qui guide, et qui dicte, de façon qu'on le traitoit d'indechiffrable. Mais il y a bien moien de démêler non tant ce que l'on veut, mais ce qu'on y doit raisonablement vouloir. L'Enthousiasme qui concourt aux grands efforts du genie, s'excite également par le vrai et par le chimerique, mais le vrai doit necessairement encore avoir des prérogatives. Une beauté purement imaginaire est une illusion, et c'est se repaitre d'un songe que de s'y plaire. Que le philosophe fixe le vrai et le beau, que le poëte lui donne du corps et du relief, que le peintre et le Statuaire le figure aux yeux d'après le poëte, que le musicien y interesse l'ouïe, par une harmonie, que je ne crois pas encore assez connue, c'est là, à ce qui me paroit, l'ordre naturel et aussi celui que Vous Vous proposez dans Votre philosophie des beaux Arts. Je serois charmé d'entrer la dessus dans quelque détail, et je Vous prie d'en choisir quelque point, que Vous croirez être à ma portée.

Je n'ai point encore vu des telescopes de Mr. Dollond quoiqu'il y a deux ans que Mr. le Comte Teleki m'en ait parlé. C'est une affaire qui aidera à mieux connoitre la nature des raïons colorés. Mais je doute qu'un verre dusse pouvoir absolument compenser l'aberration des raïons causée par l'autre, à moins que l'ordre des raïons colorés ne soit entieremt. et exactemt. renversé. Je n'ai traité que legérement dans ma Photometrie la theorie des couleurs, d'autant que je n'avois point eu l'oportunité de faire les principales experiences pour les mesurer suivant leurs differentes dimensions et pour en examiner l'heterogenité. Mais sans contredit cette nouvelle decouverte ne laissera pas que d'y être de consequence. Peut être que les couleurs ne sont que des modifications des mêmes raïons, et en ce Cas la question reviendroit à définir le Comment?

Quant à l'Adresse que Vous me demandéz, Monsieur, je trouve qu'une enveloppe à [→]Messrs Daniel et Ambroise Masner, Banquiers à Coire, me feront parvenir Vos lettres le plus surement. Mais je Vous prie de changer le titre de Directeur de l'Acad. de Baviere, en celui de Professeur honoraire p. J'ai preféré la definition au defini qui m'auroit trop incommodé.

Überlieferung

H: UBB, L Ia 745, 96.

Anschrift

à Mr. Sulzer Prof. p Winterthur| 1 Mars. 1763.

Eigenhändige Korrekturen

d'en disposer
de vouloir bien d'en disposer
Monsieur, mes regrets
Monsieur, le regret de voir que jamais Occasion combien je regrette Votre Depart acceleré inopinement accelerémes regrets
je Vous en ai
je Vous en dois ai
resolue de manière
resolue aussi de manière
le point de vue pour
le point de vue, que je me propose pour
d'avancer encore dans cette Carriere
d'avancer encore madans cette⌉ Carriere
sur les passions,
sur les passions de l'artiste,
non tant ce que
non ⌈tant⌉ ce que
concourt aux grands efforts
concourt aux principauxgrands⌉ efforts
par le chimerique, mais le vrai
par le chimerique, etmais⌉ le vrai
vu des telescopes
vu les des telescopes
je doute
je suis porté à douter
compenser l'aberration des raïons
compenser la dispersion differente refraction de l'autre l'aberration des raïons
ne soit entieremt. et exactemt. renversé
ne soit entieremt. ↑et exactemt.↑ renversé
point eu l'oportunité
point eu l'occasionoportunité
differentes dimensions et pour en examiner l'heterogenité.
differentes dimensions. ↑et pour en examiner l'heterogenité
ne laissera pas que d'y
ne laissera pas de que d'y

Stellenkommentar

Daniel et Ambroise Masner
Das Bank- und Speditionsunternehmen »Thomas Massner« in Chur bestand seit um 1700 und gewann unter dessen Neffen Daniel und Ambrosius Bedeutung. Nach dem Tod Daniels, des letzten Familienmitglieds, im Jahr 1749 wurde die Firma von dessen Schwager, dem Bündner Unternehmer Peter von Salis vererbt, behielt jedoch den Namen der Gebrüder Massner bei.

Bearbeitung

Transkription: Baptiste Baumann
Kommentar: Baptiste Baumann